Le terme « féminicide » est un mot nouveau qui n’existe pas dans notre droit pénal, admettant seulement l’« homicide ». Pourtant, le terme est connu de la langue française, à savoir, selon le petit Robert « l’homicide d’une femme, d’une jeune fille ou d’une enfant en raison de son sexe ».
Le féminicide est donc un meurtre « genré » impliquant un mobile misogyne.
Il s’agit du « meurtre d’une femme parce qu’elle est une femme ».
Il n’épargne aucune génération. Il n’épargne aucune nationalité. Il n’épargne aucune classe sociale.
Aujourd’hui, il n’est pas encore un crime autonome mais il doit le devenir. Le féminicide est une violence spécifique, son incrimination ne peut résulter d’une qualification globale et indifférenciée. Le droit pénal doit définir clairement l’infraction tant dans son élément matériel qu’intentionnel.
L’Organisation Mondiale de la Santé, dans une acception très large, répertorie quatre catégories de féminicide :
- le féminicide individuel commis par un compagnon intime,
- le « féminicide d’honneur »,
- « le féminicide de dot »,
- le féminicide non intime commis par une personne étrangère à la victime.
Le féminicide ne se limite donc pas au meurtre conjugal, et tout meurtre de femme n’est pas un féminicide.
Les définitions peuvent se compléter, se recouper, s’étoffer, mais toutes témoignent de ce même rapport de domination masculine.
A noter encore que la notion de féminicide existe déjà dans d’autres pays, et notamment en Amérique du sud, comme au Mexique ayant déjà adopté une législation spécifique depuis de nombreuses années. L’Europe commence timidement à se pencher sur la reconnaissance de ce crime.
La France a notamment introduit la circonstance aggravante de sexisme dans le Code pénal.
Mais il faut aller plus loin. Persister à ne pas nommer et refuser de qualifier le féminicide revient à masquer une violence spécifique.
Le terme féminicide donne en effet une visibilité à ces femmes mortes, même si l’arsenal judiciaire permet déjà d’en condamner les auteurs.
A noter que le féminicide n’implique pas de reconnaitre que le meurtre d’une femme soit plus grave que celui d’un homme.
Le féminicide ne fait pas non plus des femmes une catégorie de victimes plus vulnérables.
Il ne porte donc pas atteinte à l’universalité du droit.
Mais permet plutôt que le droit s’adapte à une réalité.
L’entrée du féminicide dans le Code pénal contribuera à une meilleure prise en compte de la spécificité des meurtres dont sont victimes les femmes et à une prise de conscience collective.
Car, oui, le féminicide doit être une infraction pénale.
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